Huit heures de vol, six heures de décalage horaire, quatre contrôles douaniers, une bonne migraine et me voilà, en ce 11 septembre 2015, pour la première fois à l’Ouest de l’Atlantique. Sur le moment je n’ai qu’une envie : dormir ! Mais dès le lendemain (en fait dès le milieu de la nuit, « jetlag » aidant…) j’ai le cœur à cent à l’heure, une patate d’enfer, une boulimie de découverte et cela tombe bien : je me trouve dans le pays des superlatifs !
Je suis là pour deux mois, pour un road trip qui me mènera de New York à San Francisco d’où je m’envolerai pour la Nouvelle-Zélande (mais ça, c’est une autre histoire !). Plus de 4000 kilomètres séparent ces deux villes en suivant le chemin le plus direct. En traçant vers l’Est depuis Paris je me retrouverais en Russie à ce compte ! C’est vous dire si un monde sépare les côtes Est et Ouest des États-Unis.
Mon aventure débute par la Grosse Pomme. De quoi me mettre dans l’ambiance ! J’avais six jours complets pour découvrir New York et cela n’a pas été de trop. C’est à pied que je l’ai explorée (et autant vous dire que rien que Manhattan, et bah c’est drôlement grand !). Il n’y a que comme ça que j’arrive à bien appréhender une ville, son maillage et ses connexions, ses différentes strates temporelles et spatiales. Les monuments et grands sites sont importants mais ce qui fait le quotidien et l’ordinaire d’un lieu l’est tout autant. Et pour tout vous dire, l’ordinaire ne l’est pas réellement, ici à New York. En tout cas pas pour une européenne habituée aux centres anciens, aux rues héritées d’usages passés et à une architecture à échelle humaine. New York est un spectacle à part entière, quand bien même on ne mettrait les pieds dans aucun des sites à visiter.
CENTRAL PARK ET LE « MET »
Je débute le samedi matin par une balade dans Central Park. Je réside à deux blocks du plus célèbre poumon vert citadin, le plus ancien aussi aux États-Unis. Il est huit heures du matin, il fait un temps superbe, Central Park est déjà plein de vie. Il y a des gens qui promènent leur chien, des gens qui courent, qui courent seuls, en groupe, qui courent en promenant leur chien et même derrière une poussette ! Et surtout, ils courent tous dans le même sens, le même que suivent les cyclistes, tout aussi nombreux. C’est impressionnant ! Au milieu de tout ça, malgré ma marche plutôt rapide, je fais figure de tortue… Je passerais presque pour une feignasse !
Dix heures, je déambule dans la partie centrale du Parc, au niveau du Ramble. C’est boisé, les chemins sont plus tortueux, les paysages plus intimes. Exit les coureurs, welcome touristes et promeneurs… des promeneurs touristes en fait ! Les New Yorkais, je les retrouverai en fin de journée, au niveau de la Sheep Meadow (sud du Parc). On les reconnaît, ils jouent au baseball, se lancent un frisbee, un ballon… bref, le New Yorkais ne tient décidément pas en place !
Je comptais faire le tour du parc dans la matinée. Mais avec ses 340ha de verdure, il me faudra repasser à plusieurs reprises pour venir (pas tout à fait) à bout de l’ensemble imaginé par Frederick Law Omsted et Calvert Vaux et achevé en 1873. Mais c’est un vrai plaisir. Central Park est magnifique, diversifié et je me rendrai compte les jours qui suivent à quel point la végétation isole des bruits de la ville.
C’est dans Central Park que se trouve le Metropolitan Museum, le fameux Met ! Il y a un paquet de musées de renommée internationale à New York. Je suis folle ! Vous n’imaginez pas dans quel état l’idée même d’être à proximité de tant de chefs d’œuvre me met ! Malheureusement je ne pourrai pas tout visiter faute de temps (il me faudrait des semaines pour en faire le tour !) et d’agent aussi je dois l’avouer… Les musées et sites à visiter coûtent une blinde ici. Il faut compter entre $20 et $30 à chaque fois 🙁
Le Met, c’est un peu notre Louvre : des collections couvrant toutes les époques depuis l’Antiquité avec de magnifiques pièces. Je m’y engouffre en fin de matinée pour n’en ressortir que sept heures plus tard ! Je ne vais pas tout vous détailler mais j’ai été particulièrement frappée par deux tableaux d’El Greco (charnière 16e-17e siècles) d’une modernité incroyable. J’ai aussi la chance tomber sur une exposition temporaire dédiée à John Singer Sargent, un peintre que j’affectionne particulièrement pour son usage incroyable de la lumière.
Allez, un dernier petit tour dans Central Park avant de rentrer…
LÂCHÉE DANS LA VILLE : LE MIDTOWN
Dimanche matin… Cette fois-ci je me lance dans la jungle New Yorkaise, la vraie, la ville ! C’est le Midtown que je pars explorer. C’est l’une des parties les plus hautes de NYC, avec le Lower Manhattan (pointe Sud). À côté de cela, l’Upper West Side où je réside et son voisin l’Upper East Side semblent bien bas ! Le Midtown, on se le prend violemment dans la figure en sortant au sud de Central Park, sur la 59e rue. Après le havre de verdure dans lequel on flotte gentiment on fait soudain face à des colosses de pierre et de verre. C’est sans transition.
Question sites à visiter, c’est dense. C’est là que se trouvent des gratte-ciel parmi les plus emblématiques de la ville : l’Empire State Building, le Chrysler Building, le Rockfeller Centre avec sa tour iconique et le Radio City Music Hall pour ne citer qu’eux. On croise aussi la route de Grand Central, magnifique gare située sur la 42e rue, ou de la bibliothèque de Ghostbusters ! Vous vous souvenez forcément de cette scène mémorable… En vrai c’est la Bibliothèque Publique de NY.
Me voilà donc partie dans le Midtown, à le traverser en long, en large et en travers ; 5e avenue, 7e avenue, les transversales, dans un sens, dans l’autre… Déambulant dans le cœur de Manhattan, dans ce lieu en pleine effervescence, foisonnant, je suis euphorique, totalement ivre de cette ville trop grande, trop haute, trop pleine de tout et surtout d’énergie. C’est un tourbillon, une claque. Tout n’est que mouvement, sons, couleurs. On dit d’elle qu’elle ne dort jamais. Je veux bien le croire. Lara, chez qui je loge, me confirmera qu’on mène ici une vie de fou. New York doit épuiser les corps sur le long terme, les vider… Mais pour moi qui ne suis là que six jours, c’est l’exaltation !
ET PLUS AU SUD IL Y A QUOI ?
Bien en forme, je vais pousser plus au sud, dans le Flatiron District (du nom du célèbre building en forme de fer à repasser et Union Square). Mais je ne pourrai pas y rester trop longtemps, j’ai un rendez-vous important ce soir-là avec les toits de Manhattan !
AT THE TOP OF THE ROCK
C’est l’une des choses à ne pas manquer à New York. Grimper en haut d’un des gratte-ciel et profiter de la vue incroyable qui nous est offerte. L’Empire State Building est vivement conseillé dans les guides, pour ses 102 étages tout autant que pour le symbole qu’il représente. Le problème, c’est qu’une fois en haut de l’Empire State Building, on ne le voit plus vraiment, l’Empire State Building !
C’est donc sur l’immeuble GE du Rockfeller Center que je jette mon dévolu. Certes, il n’a que (!) 70 étages, mais une fois en haut on peu profiter d’une vue exceptionnelle et sans vitre ni grillage devant les yeux une fois atteinte la terrasse supérieure (elle est en retrait par rapport aux deux plateformes inférieures, il n’y a donc pas de risque de chute mortelle…).
Je suis passée dans la journée prendre mon billet pour le soir, avec un choix d’horaire stratégique : je veux voir le coucher du soleil de là-haut ! Le soleil se cache ) 19h08, je serai donc sur le toit à 17h, histoire de bien profiter de la lumière très changeante de la fin de journée. Ensuite, je n’aurai plus qu’à attendre qu’il fasse nuit.
Il fait un temps parfait, je suis hyper confiante pour la suite… Mais à 16h je me retrouve à déambuler sous une bonne grosse pluie… Ma stratégie avait donc une faille 😉 ? J’avais hésité à grimper dans la journée, en étant certaine de la météo. Mais une lumière de fin de journée c’est quand même autre chose qu’un zénith.
Bon vous avez les photos sous le nez alors je ne vais pas faire durer un faux suspens, ça s’est calmé et dégagé juste ce qu’il faut pour que le soleil soit présent mais que le ciel reste joliment habillé de nuages. C’était incroyable ! Je ne suis redescendue qu’à 20h, frigorifiée (c’est un brin venteux en haut des tours…)
TIMES SQUARE
Le Midtown, c’est aussi bien entendu Times Square, la place formée par le croisement entre Broadway (cette rue au tracé préexistant à la New York moderne est une vraie hérésie dans le quadrillage de Manhattan. Elle n’est pas droite !) et la 7e Avenue.
Je suis passée de jour, mais c’est vraiment de nuit que les lieux prennent toute leur ampleur. Comment une telle chose est-elle possible ??? Sérieusement ! C’est hallucinant ! La démesure américaine est incarnée là, sous mes yeux, par des mètres carrés d’enseignes lumineuses anarchiquement éparpillées. Il y a une certaine forme d’esthétisme dans la chose, mais sur le fond, comment c’est possible !!!!
LOWER MANHATTAN : OÙ JE REPRENDS UNE CLAQUE
Après la journée que je viens de passer, je me dis que j’ai pris toute la dimension de la ville, que passé le choc du Midtown je vais pouvoir détendre mes sens, en alerte depuis mon arrivée, et mon cou aussi… Que nenni ! (Oui, elle sort de derrière les fagots celle-là !) Manhattan me réserve encore une de ces bonnes claques dont New York semble avoir le secret !
C’est encore une fois en marchant que je me rends dans le Lower Manhattan, la partie la plus au sud de l’île. Le chemin est simple, je descends ma rue – Amsterdam Avenue – jusqu’à la 72e rue où je croise le chemin de Broadway, que je suis jusqu’au bout du bout. 2h30 de marche depuis l’appartement où je loge pour atteindre l’embarcadère du ferry, 13 kilomètres de traversée de Manhattan ; sur cette distance j’ai le temps de bien voir s’enchaîner les différentes séquences de la ville.
L’Upper West Side, avec ses immeubles de brique et leurs escaliers métallique de secours en façade, le Midtown, ses gratte-ciel surgissant d’un coup et son agitation perpétuelle, puis les quartiers plus au sud, Union Square, Soho… de nouveau plus bas, plus hétérogènes et anarchiques (mais c’est relatif, ça reste Manhattan !), plus aérés aussi. Je le ressens d’autant plus qu’arrivée dans le Lower Manhattan tout s’élève, redevient gigantesque. Broadway se fait plus étroite et je déambule à l’ombre de gratte-ciel immenses et effilés (ombre bien appréciée vu la chaleur qu’il fait !). Tout est ici très dense. Et puis soudain, c’est la baie de New York.
Broadway, dans sa partie sud, juste avant d’arriver au fameux Taureau de Wall Street.
De retour sur l’île de Manhattan, je me dirige vers un autre des passages obligés depuis les évènements de 2001 : Ground Zero. De loin on voit bien, de toutes part à NYC, la tour One World Trade Center, dont la construction s’est achevée en novembre 2014. Elle a été surnommée « Freedom Tower » au début des travaux. A ses pieds, deux trous béants desquels coulent des milliers de gouttes d’eau, encore et encore, des centaines de noms et un musée dans lequel on trouve, notamment, une poutre métallique provenant de l’une des tours jumelles.
Le mémorial du 9.11. est un vide immense au milieu d’un chantier. La zone est un chantier. De toutes parts, des grues et des engins de chantier. Des policiers aussi. Et des touristes. Contraste saisissant. J’ai un sentiment étrange en ce lieu. Comme si l’Amérique avait forcé son rétablissement. Certes, c’était il y a plus de dix ans. Mais autour de ce vide que les Américains ont choisi de conserver et d’afficher en mémoire des personnes tuées, il y a une forme de frénésie qui m’interpelle : la 1WTC est la plus haute tour de l’hémisphère Nord, d’autres tours WTC vont naître de manière à former un complexe commercial et financier plus important encore que les tours disparues, il y a une entrée de métro signé Calatrava, il y a des drapeaux américains et il y a ces deux trous…
Avant de quitter la pointe Sud de Manhattan je m’engouffre bien entendu dans Wall Street, la rue qui a donné son nom à la bourse américaine, la rue qui a elle seule symbolise la finance et le capitalisme à l’américaine. Pourtant son nom vient d’un mur qui avait été érigé ici au moment de l’établissement de la colonie de la Nouvelle-Amsterdam au 17e siècle. C’en était la limite Nord.
Je ne sais pas pourquoi, je m’attendais à du contemporain, du verre dans l’architecture. Non, Wall Street est faite de pierre. Elle est massive, solide, elle a duré dans le temps. C’est un pilier de la nation Américaine. Les bâtiments que j’ai autour de moi ont quelques années, les plus anciens étant la National City Bank Building et le Federal Hall (env. 1840).
Pas beaucoup de trader ou de travailleurs New Yorkais dans les rues. Partout des touristes qui, comme moi, se demandent probablement se qui se passe à l’intérieur du New York Stock Exchange !
Ce soir là je rentre rincée ! Le lendemain, ce sera musée…
LE MOMA ! C’EST LE MOMA !!! AAAHHH !!!
… mais pas n’importe quel musée. Dans le Midtown, il y a un lieu qu’il me reste encore à découvrir. Je l’ai mis de côté deux jours plus tôt parce que je sais pertinemment que je vais y passer ma journée. Ce lieu, c’est le Museum of Moderne Art : le MoMA !!!
En voyant tous les points d’exclamation qui ponctuent chaque occurrence du mot MoMA (aaahhh !!!), vous m’imaginez en train de bondir comme une puce en frappant dans mes mains. Vous avez raison ! C’est bien dans cet état que je me trouvais. Le MoMA est un mythe, une créature légendaire pour toute personne passée par des études en Histoire de l’Art. Dès son inauguration en 1929 ce musée a été pensé comme un lieu voué non seulement à la conservation mais aussi à la découverte de nouveaux talents. Visionnaire et à contrecourant ! Et je me permets ici de préciser qu’il est l’œuvre de trois femmes (girl power ;-))
Ouverture : 10h30. J’ai un billet coupe-file (et heureusement !). Fermeture : 17h30, je me fais mettre dehors ! Hey, mais je n’ai pas tout vu moi !
Le MoMA a la réputation d’avoir une collection pointue. Entendons-nous bien, ils ont une p**** de collection hyper pointue ! Aperçu…
CHINATOWN, SOHO, GREENWICH VILLAGE…
Mercredi, c’est reparti pour une bonne séance de marche. Il y a plusieurs quartiers dont j’aimerais avoir un aperçu, même si je sais que le temps m’est compté et que je ne pourrai pas m’y attarder. Le premier d’entre eux est Chinatown. Dans le genre mythique, Chinatown se pose là (Et c’est bien le problème à New York, en fait, tout est mythique… rectification, c’est le problème avec les États-Unis en règle générale…) !
Bon, je m’attendais à plus d’éléments architecturaux asiatiques. En fait, ce que je vois c’est surtout des enseignes asiatiques sur des immeubles New Yorkais. Même le Temple Bouddhiste se trouve dans un bâtiment qui a plutôt des allures de supermarché. Mais à l’intérieur le calme y est de mise, et cela fait du bien car dans Canal Street, ça fourmille ! C’est la première fois que j’entre dans un tel lieu et j’ai été quelque peu surprise. Ce lieu est un peu kitsch (les temples plus cachés de San Francisco seront un peu différents). Cela dit, j’ai appris beaucoup de choses sur la vie de Bouddha.
Je ressors dans Chinatown et prends la direction du Nord. Ce faisant, je me retrouve dans Little Italy. Il y a plein de marchands dans les rues : nourriture (pas nécessairement très saine), boissons (alcoolisées la plupart du temps !). C’est la fête de San Gennaro ! Une fête religieuse qui se veut festive, et ayant pour invité d’honneur cette année Tony Danza (si si, c’est bien le Tony Danza de Madame est Servie…).
Je traverse Soho, prends la direction de West Village, déjeune sur une ancienne jetée réaménagée en espace de détente – Pier 45 – m’engouffre dans Chelsea Market, ressors me faire quelques galeries dans la 24e rue et tombe sur une super exposition Roy Lichtenstein à la Gagosian, puis prends de la hauteur sur la High Line, cette ancienne ligne ferroviaire de fret édifiée au-dessus des rues sur le West Side de Manhattan. Sur les conseils de Lara, chez qui je loge, j’y suis pour le coucher du soleil. C’était une super idée ! Comme vous l’aurez compris ce fut encore une bonne journée de déambulation…
DERNIER JOUR À BROOKLYN
Dernier jour à New York. La chaleur n’a fait qu’empirer durant toute la semaine Il fait maintenant 30° à l’ombre. Bel été indien ! Le pire, et je ne le sais pas encore à ce moment là, c’est qu’il va me falloir supporter bien plus chaud !
Arpenter Manhattan en long en large et en travers est un véritable sport, mais cela ne revient au final à découvrir qu’une petite part de New York. Sur l’autre rive de l’East River se trouve Brooklyn. C’est l’un des cinq arrondissement de New York. Trois fois plus grand que Manhattan, c »est aussi le plus peuplé.
Je vais donc à Brooklyn aujourd’hui. Je vais traverser LE pont ! Le Brooklyn Bridge, premier pont suspendu en acier au monde. Lorsqu’il a été ouvert à la circulation en 1883, avec ses 1825 mètres il était le plus long pont suspendu du monde. Il a depuis été détrôné par d’autres. Le plus long actuellement ? Le pont du détroit d’Akashi, au Japon (3911 mètres quand même !)
Le pont de Brooklyn, en fait, je l’ai déjà traversé, un soir, un peu avant de rentrer. La lumière était incroyable, mais le pont était blindé. Insupportable ! Cette fois-ci il est un peu plus de midi quand j’y arrive et c’est bien mieux. Ils sont tous en train de déjeuner !
Je finis ma semaine New Yorkaise déambulant dans Brooklyn, lentement je dois l’avouer… il fait définitivement trop chaud ! Six jours sur place n’auront vraiment pas été de trop… c’est plutôt court en fait Le lendemain, je pars à Washington…